L'album solo de Sharon

Pourquoi je ne gagnerais pas X-Factor

Alors qu'elle se lance dans une carrière solo, Sharon Corr raconte à Maureen Coleman pourquoi elle n'est pas une fan de cette émission très populaire.
Depuis presque 15 ans, elle constitue un quart du groupe mondialement célèbre qui a vendu des millions d'albums, gagné de nombreuses récompenses et joué devant des Présidents et le Pape.
Mais Sharon Corr suit maintenant son propre chemin, et s'éloigne de ses trois frère et sœurs en s'aventurant hors des sentiers battus.
Être sur scène sans Andrea, Caroline et Jim est, reconnaît-elle, assez intimidant, mais c'est un défi qu'elle relève avec plaisir. Avec un premier single sorti cet été et un album programmé pour le début de l'année prochaine, son aventure solo est déjà bien lancée.
Mais ce nouveau projet ne signe pas la fin du quatuor pop-celtique de Dundalk, affirme-t-elle pour rassurer les fans.
"En fait, nous avons été ensemble et très proches pendant 15 ans, avec beaucoup de hauts et aussi quelques bas de temps en temps", dit-elle.
"Nous avons tous atteint un stade de nos vies où nous voulions nous exprimer individuellement.
Andrea s'est retirée [de la scène] pour se marier et elle veut en profiter pendant un moment, puis sans doute fonder une famille. J'ai eu deux enfants, Caroline et Jim sont parents, nous nous occupons tous de notre vie personnelle.
Nous faisons juste une pause durant quelques temps et, pour être honnête, je ne sais pas vraiment quand nous serons de retour ensemble. Je vais sortir mon album l'an prochain et faire une tournée ensuite. Nous nous réunirons peut-être dans les années à venir, on verra bien.
Mais les autres sont très encourageants et ils adorent ce que je fais. Ils sont à 100% derrière moi, de la même façon que nous l'avons été lorsqu'Andrea a sorti son album solo."

Ces dernières années, la violoniste des Corrs s'est consacrée à son rôle de mère. Elle est mariée à l'avocat Gavin Bonnar et le couple a deux enfants : Cathal (3 ans) et Flori (2 ans).
Tout en élevant ses enfants, elle a réussi à rester en contact avec le monde de la musique et des studios en proposant ses talents musicaux à d'autres artistes, comme Bryn Terfel et Bill Whelan. Mais elle admet que l'excitation [procurée par la musique] lui manquait et qu'il lui tardait de reprendre le travail.
"Je me suis posée le temps d'avoir mes enfants, mais je dois dire que ça commençait à me démanger", dit-elle.
"Je ne suis pas de ces personnes qui détestent les concerts... au contraire, j'adore être en tournée. Et puis travailler avec d'autres artistes n'a fait que réveiller mon envie de retourner sur scène".
Sharon a commencé à écrire son album il y a deux ans et a passé les six derniers mois à enregistrer en studio. Toutes les chansons excepté une - une reprise de Smalltown Boy, du groupe Bronski Beat - ont été écrites par Sharon et elle est enchantée par le résultat final.
"Disons que ce n'est pas une grande rupture avec le style des Corrs. On reconnaît ma "patte"", dit-elle. "J'ai écrit la plupart des chansons en jouant du piano, une ou deux à la guitare, et le violon est omniprésent. Mais je pense que ça sonne légèrement plus rock que les Corrs."

Dans la période précédant le lancement de son premier single solo, It's Not A Dream, Sharon a pris la route pour jouer dans quelques festivals de l'été, dont Glastonbury et l'Île de Wight - et elle a savouré chaque minute de cette tournée.
"J'ai joué à Glastonbury avec les Corrs en 1999 et y revenir avec mes propres chansons, c'était incroyable", dit-elle. "Il y avait une belle brochette* de chanteuses sur la même scène que moi : Lisa Hannigan, Imelda May... C'était fantastique. Bien sûr, les autres me manquent parfois, mais j'ai adoré faire face [au public] seule."
Ses frère et sœurs n'étaient peut-être pas là pour la soutenir moralement sur scène, mais elle a désormais son propre groupe pour lui tenir compagnie : Anto Ferran (ou plutôt Drennan, ndlt) à la guitare, Keith Duffy (pas celui de Boyzone !) à la basse, Jason Duffy à la batterie, Conor Brady à la guitare et Gerry O'Connor au banjo.
Elle a aussi travaillé avec la musicien Jim Lockhart, qui l'a invité à venir jouer avec les Horslips. Elle sera de retour sur scène à l'Odyssey Arena jeudi prochain, mais sans les Corrs pour l'accompagner.
"On a joué là quelques fois, ça sera intéressant de revenir à l'Odyssey sans eux", dit-elle.
"Je suis un peu nerveuse, bien sûr, mais un musicien qui n'est pas nerveux ne joue pas bien. Être invitée à jouer avec les Horslips, c'est incroyable. Ils ont eu une immense influence sur les Corrs."

Sharon connaît bien Belfast, évidemment. Elle a habité dans une maison du sud de la ville après avoir épousé Gavin Bonnar, un avocat d'Irlande du Nord. Elle a rencontré Gavin à Dublin alors que les Corrs y tournaient le clip de leur single Runaway.
"Nous avions tourné toute la journée à Phoenix Park et autour de Tara Street. Plus tard dans la soirée, nous sommes allés au Gaiety", dit-elle.
"Gavin était là aussi. Il m'a suivi dans tout le théâtre et m'a dit bonjour. C'est comme ça qu'on s'est rencontrés."
Première des belles sœurs Corr à se marier, Sharon s'est d'abord fixée à Belfast. Mais la petite famille a décidé de déménager à Dublin cette année pour faciliter l'enregistrement de l'album de Sharon.
"Je suis de Dundalk, qui est si proche de la frontière que je me considère comme étant Nord-Irlandaise. La famille de Gavin vit toujours à Belfast et nous avons gardé notre maison là-bas, mais les contraintes liées à l'album nous ont obligées à déménager. J'ai passé tellement de temps au studio d'enregistrement à Dublin que c'était la seule option raisonnable"
Sans surprise, les deux enfants de Sharon montrent déjà des signes des célèbres talents musicaux de leur mère.
"Je pense qu'ils ont l'oreille musicale, vous savez. Quand Flori entend ma musique, elle réclame "plus de chansons de maman"."
Sharon était elle-même très jeune lorsqu'elle a commencé à apprendre le violon. Avec des parents qui jouaient ensemble dans un groupe, les quatre enfants furent encouragés à s'intéresser aux instruments de musique.
Au cours de leur adolescence, les quatre frère et sœurs répétaient dans la chambre de Jim, dans une maison qu'ils louaient. Andrea était la chanteuse principale, Sharon jouait du violon et Caroline et Jim étaient aux claviers.
Leur carrière a décollé en 1991, après leur audition commune pour le film The Commitments. Alors que Jim, Sharon et Caroline n'eurent que de petits rôles de musiciens, Andrea bénéficia d'un rôle parlé en tant que Sharon Rabbitte. Ils furent repérés par un manager et les Corrs ne regrettèrent rien**.

Le premier album du groupe, Forgiven Not Forgotten, s'est bien vendu dans le monde entier et a atteint le quadruple disque de platine en Irlande.
Leur deuxième album, Talk on Corners, fut un succès mondial et des singles tels que What can I Do ?, So Young et Runaway en sont issus. C'est grâce à ce disque que le groupe a gagné un Brit Award en tant que meilleur groupe international.

Depuis lors, leur succès ne s'est pas démenti. Après avoir joué devant Nelson Mandela, le pape Jean-Paul II et deux présidents américains, les Corrs ont aussi reçu un Honorary MBE en 2005 pour leur participation à de nombreuses œuvres de charité.

Sharon affirme qu'elle encouragera ses enfants à faire une carrière musicale si c'est ce qu'ils souhaitent. Mais elle leur conseillera aussi de se méfier des embûches.
"Comme toutes les industries, la musique vit des temps difficiles en ce moment", dit-elle. "Mais cela en vaut la peine. S'ils aiment ce qu'ils font, je serai heureuse. Nos parents nous ont encouragés à vivre nos rêves et je ferai de même [avec mes enfants]."
"Actuellement, les jeunes groupes ont du mal à se lancer, mais avoir une vie dans la musique, c'est avoir une vie magique. Je conseillerai probablement à mes enfants de se lancer d'abord en solo, avant de fonder un groupe."

S'il y a bien une voie qu'elle ne conseillera pas à ses enfants, c'est le monde des émissions télévisées. Sharon ne prend pas de gants quand il s'agit de parler de son aversion pour The X-Factor.
"J'ai l'impression que les auteurs-compositeurs-interprètes ont de moins en moins d'intérêt, tout comme les artistes qui ne rentrent pas dans le moule de l'industrie musicale".
"Vraiment, il y a deux industries désormais : celle de X-Factor et la véritable industrie musicale."
"Je ne trouve pas que X-Factor soit une véritable émission musicale : c'est une émission de divertissement où les juges ont plus d'importance que le talent.
Ce qui me pose problème, c'est que ça n'encourage pas le talent. Ça impose aux gens une norme physique et vocale. Ça leur donne cinq secondes de gloire immédiate. Mais pour durer, il faut travailler dur, trouver ses marques sur scène et construire peu à peu cette assurance qu'on n'acquiert qu'avec les tournées et les concerts.
Je viens juste d'en parler à Joe Elliott (Def Leppard). Vous savez, si Joe ou moi-même avions été à X-Factor, nous n'aurions jamais eu l'approbation des quatre juges. Si Bono y avait été, il n'aurait pas gagné non plus, et pourtant ne me dites pas qu'il n'a pas de talent.
C'est [une émission] superficielle, ridicule et si injuste envers les jeunes qui veulent réussir dans la musique."
Sharon admet qu'elle a récemment regardé l'émission - afin d'observer la prestation de Cheryl Cole pour son premier album solo. Verdict ?
"Cheryl a une bonne voix, elle est gentille et très belle. C'était très bien." dit Sharon.
Elle est cependant moins élogieuse à propos de John et d'Edward.
"En regardant Cheryl, j'ai eu du mal avec les jumeaux. En fait, c'est seulement un programme de divertissement."

Avec les concerts en compagnie des Horslips et son album solo attendu pour le début de l'année prochaine, le planning est chargé pour Sharon. Mais elle a trouvé un nouveau moyen pour tenir ses fans informés : Twitter.
En fait, elle est devenue tellement experte dans l'art du "tweeting" qu'elle a récemment été élue Miss Twitter UK.
"Gavin m'avait conseillé de me créer un compte pour me rapprocher de mes fans, mais je n'étais pas très intéressée", rit-elle.
"Et puis j'ai entendu que Stephen Fry était sur Twitter alors j'ai décidé de tenter le coup. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais je suis totalement accro maintenant. Mes fans ont ensuite voté pour me faire gagner la compétition Miss Twitter et j'ai gagné. Incroyable.
"Mais j'adore ça. Pour l'information instantanée, c'est génial et totalement fiable.
"Je suis toujours connectée, en train de tweeter. Même en studio."

Le mois prochain, Sharon sort un double single pour le Children In Need (Téléthon anglais, ndlt). C'est une reprise de Me and my Teddy Bear de Rosemary Clooney, enregistrée pour l'abum Bandaged Together. L'autre chanson est un duo de Sir Terry Wogan et Aled Jones.

"J'ai enregistré la chanson pour l'album et j'en suis tombée amoureuse. elle est vraiment adorable et j'espère que les gens l'achèteront".